Intervention de Lydie Ranc, psychologue,à la demande de VSA, sur le thème : Pourquoi je bois?2/14/2017 1 L'abus d'alcool: un mécanisme de survie Le malade porte en lui une souffrance qu'il oublie dans l'alcool. La dépendance est un mécanisme de survie psychique. A cause de cela le malade porte en lui des résistances à l'arrêt du produit. Même lorsque le corps ne supporte plus l'alcool, la tête elle, veut continuer. Le malade recherche l'anesthésie de ses émotions . L'arrêt de l'alcool peut être suicidaire. Le travail du psychologue consiste à activer la remémoration des souffrances du passé. Le malade est dans la croyance erronée qu'il ne doit pas parler du passé. Il se perçoit comme le seul à connaitre les problèmes qui le taraudent. 2 Pendant la maladie, mise en place de mécanismes adaptatifs Le malade doit maintenir sa consommation s'il veut survivre. Il adopte des comportements pour satisfaire ce besoin: * Agressivité et violence contre l'entourage pour donner la priorité au produit. * Anticipation de certaines situations pour prévoir quand on pourra consommer. * Paranoïa, le malade se sent persécuté. * Mensonges et dissimulations qui perdureront après l'arrêt du produit. * Déni pour conserver l'amour des proches. * Cloisonnement de sa vie pour continuer à boire. 3 L'arrêt d'alcool: l'entrée dans le paradoxe Le paradoxe réside dans le fait d'arrêter quelque chose qui vous fait du bien. Toute l'énergie du malade est consacrée au produit. Le malade devra trouver ou retrouver d'autres plaisirs pour pouvoir vivre l'arrêt de la consommation. Il devra aussi accepter les deuils et en premier lieu celui du produit. 4 Comment changer les comportements? Deux types de thérapies se proposent d'aider la malade: -La thérapie comportementale -La thérapie analytique, c'est celle que pratique Lydie. C'est un retour au passé visant à remettre de la conscience là où il n'y en a pas. 5 La cause de la maladie La cause doit être recherchée mais il y en a toujours plusieurs. L'addiction se produit en présence de deux traumatismes. Le trauma primaire est présent avant 2 ou 3 ans. Il faut impérativement l'identifier. Le trauma secondaire a lieu dans la vie d'adulte Un trauma transgénérationnel (secret de famille) peut interférer avec les deux autres. Les deuils non faits sont porteurs de traumatismes. Le psychisme ne s'apaise pas si le deuil est inachevé Si le deuil a frappé l'un de nos parents sans qu'il puisse le surmonter il peut transmettre à son enfant ce traumatisme. Le travail du psychologue va consister à faire remonter ces émotions non exprimées qui rongent l'individu de l'intérieur. Le malade devra parler ou écrire sur ses souffrances passées pour découvrir ses émotions qui sont "enkystées" en lui. Tout le travail du psychologue consistera à faciliter cette remémoration et les émotions qui y sont liées. Le malade ne peut pas et ne doit pas entreprendre ce douloureux exercice seul. Michèle DURAFFOURG L'alcool et autres drogues: approche culturelle
Les drogues ont une fonction sociale: _ Rassembler les individus _ Communier avec le sacré Dans toutes les sociétés les individus reçoivent une éducation à la consommation des drogues. Dans les sociétés anciennes si cette consommation était trop dangereuse elle était réservée à un initié ( chaman, sorcier).Aujourd'hui l'invitation à la consommation d'alcool se fait progressivement lors des fêtes familiales par exemple. Puis il y avait le service militaire pour les jeunes adultes. La maladie alcoolique est reconnue aujourd'hui mais le paradoxe pour celui qui arrête de consommer est qu'il est considéré comme un malade alors qu'il est était vu comme bien portant avant. On pourrait dire schématiquement que la maladie s'installe lorsque le malade ne se contente plus de boire en groupe mais boit aussi seul. Approche comportementale C'est l'histoire du sujet qui le conditionne dans sa relation à l'alcool. Lorsque l'individu rencontre le produit, si les conditions de souffrance s'y prêtent, il s'y attache. Les difficultés de la vie favorisent l'addiction. La transmission de l'addiction est non dans la génétique mais dans le ressenti émotionnel: père qui boit, fils qui boit. Une addiction en appelle une autre. C'est à dire que lorsqu'on est sevré il peut y avoir un transfert de dépendance. Elle peut être sans produit (achats, boulimie). Approche toxicologique L'héroïne est peut toxique pour le corps, c'est le mélange avec des produits dangereux par les dealers qui fait de gros dégâts. La méthadone (médicament substitutif de l'héroïne) est très addictive mais elle permet la resocialisation. Les médicaments substitutifs ne s'appliquent que pour les opiacés. Pour l'alcool on utilise le baclofène pour lutter contre le craving. L'agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) fait réaliser une étude auprès des médecins qui soignent des malades alcooliques pour valider l'usage de ce médicament contre l'addiction à l'alcool. Vers l'abstinence Le craving peut être réveillé par les émotions, les odeurs, les ambiances, l'ennui ou les ennuis. La psychothérapie aide à accepter qui l'on est. Se connaitre est le meilleur moyen de faire cesser les émotions parasites. C'est la perte qui fait prendre conscience de la gravité de la consommation. Il faut que cette perte soit irréparable pour que le malade s'arrête. Certains malades consomment en très grande quantité mais épisodiquement, c'est la dipsomanie. La solitude est un facteur de ré-alcoolisation. Le malade doit découvrir pour quelle vie il veut arrêter de boire. Que mettra-t-il dans sa nouvelle vie? Quels projets le malade a-t-il pour lui même? Si il y a rechute, ce peut être pour le malade ,l'occasion de voir murir en lui la possibilité d'une nouvelle vie. La souffrance des proches Le conjoint peut trouver de l'aide dans une association d'anciens buveurs.VSA soutient les conjoints qui viennent chercher du réconfort et des conseils face à la vie difficile auprès du malade. Les AA ont une section spécifique pour les proches du malade les Al-Anons. Les enfants de malades alcooliques doivent trouver de l'aide dans un premier temps auprès d'un alcoologue ou thérapeute. Mais VSA est aussi intervenue de façon déterminante auprès d'enfants de malade qui ne comprenaient pas l'état de leur parent. Plus tard le malade pourra aborder lui-même le sujet de sa maladie avec son enfant. |
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